C’est à l’occasion du camps de Pâques de l’AGR-S (club spéléo des environs de Zürich) qu’une visite est organisée au gouffre de Longirod:
RDV samedi 7 avril 8h30 au Pré de Rolle, par un vilain temps de printemps. Il pleut en trombes sur la route depuis Vevey. Arrivée à hauteur du sapin a Siméon, il neige. En dix minutes la route se couvre d’un tapis blanc humide qui glissssssssssssssse.
Je suis bientôt rejointe par deux zürichois (Fabrice Franz, mon collègue au bureau de la SSS et vice président suisse-allemand, par la même occasion ainsi que son inséparable ami Christian Sutter)
Ils n’hésitent pas une seconde quand je leur propose de commencer par un café au Marchairuz… et je me prépare à parler allemand ces prochains heures.
“Comment dit-on puits déjà? OK c’est Schach” “Wasser et Schnee, c’est bon, je me souviens.” “Meander? On est d’accord!”
On discute un peu de la crue qui nous attends. Je leur explique qu’il faudra voir en fonction du débit après le méandre du broyage. Le message semble passer.
D’ailleurs, ils ont déjà été briffés par Marco Filipponi, qui avait participé à une sortie à Longirod deux ou trois ans auparavant. Nous avions alors remonté, avec l’aide des genevois, quelques bouteilles de plongé et autres matériels stockés à l’arrivée dans le collecteur.
Sans trop attendre, nous nous mettons en route. Il ne reste plus de neige dans le pâturage et la route qui mène au chalet du Pré de Rolle est déséquipée de sa barrière. Nous poussons jusqu’au chalet en voiture. J’estime l’approche à 15 minutes… mais il reste des névés bien mous dans le fond de la combe. Après 30 minutes de marche (…) nous arrivons à l’entrée. La neige a tourné en petite pluie fine et intermittente. Je m’enfile dans le trou rapido, Christian et Fabrice aux trousses comme s’ils avaient peur de me perdre! Peu chargés, la descente et directe et arrosée. Nous sommes deux en combi toile et déjà bien trempés à l’entrée du méandre de -200m (méandre du broyage). L’ambiance est dantesque: cascades, grondements, mousse. L’eau arrive de partout. Après un court échange sur la suite des évènements et un petit coup d’œil à la topo qui trône à l’entrée du méandre (accompagnée de bites de carbure et d’un tupperware de chaux abandonné par des visiteurs négligents dont je tairai le nom), nous poursuivons. Le méandre ne pose pas de problème particulier à mes deux collègues et nous arrivons rapidement aux ressauts, cascadant. Une vigoureuse gerbe d’eau défend le passage habituel “droit en bas”, mais une oppo aisée nous permet d’éviter le gros de l’eau. Nous sommes tous d’accord pour poursuivre jusqu’au prochain obstacle sérieux.
Fabrice passe devant et c’est alors un enchainement ininterrompu de Seile Frei et de Yahhhooooooo jusque …. dans la rivière.
Je constate que les puits sont très bien équipés, autant que possible hors d’eau. A part quelques embruns au bas des puits, l’abondance de flotte ne pose pas de problème particulier. Aucun fractio n’est arrosé. Le haut du P50 offre même un spectacle apaisant, avec sa cascade dont l’eau pulvérisée fait un doux bruissement en emplissant le vide de petites gouttelettes. Le matériel par contre est en piteux état. En particulier certains mousquetons en tête de puits. Le déséquipement est a organiser rapidement. Dans le collecteur, il reste une certaine quantité de matériel étalé sur le gros caillou: chaine d’amarrages, masque, palmes, corde, poids pour lester un plongeur. Il y a de quoi remplir deux bons kits. Quand à la rivière, eh bien, elle est infranchissable, toute brune et gonflée. Ca me fait bizarre d’être là et je n’ai pas envie de trainer. Un bref pique-nique (penser aux mangues séchées la prochaine fois, c’est bon) et nous voilà repartis, avec la capuche. Sur la montée, on ne se quitte pas de plus d’un puits. Le débit a nettement baissé, ce qui se vérifie à l’arrivée d’eau de la sortie du méandre de -160m. Une pose “farmer” et “biber” et l’entrée est déjà en vue. Il fait jour, il ne pleut plus. La neige n’a pas tenu.
Nous sortons à une minute d’intervalle chacun. Il est 17h30. Notre visite a donc duré 7h30, je suis un peu “sur le cul”. Mes collègues sont heureux. Ils trouvent leur -300m en explo, sur massif dont j’ai oublié le nom, plus difficile et plus étroit (!) hé bien tant mieux ;o) j’y suis invitée, bien sûr!
Mes collègues logent au Sentier, à la cabane des scoutes (confiance). J’y trouve une bonne vingtaine de spéléos, femmes, enfants et anciens. Un solide souper et une grande bière me rassasient. Tous ces visages me sont plus ou moins familiers: Hans, Mü, Olivier, … rencontrés aux assemblées ou en “excursion” souterraine.
Je les quittent avec regret vers 22h30. Demain, ils vont à la Pleine Lune. Moi, je crois que je vais me reposer…
Une belle sortie, rondement menée, et un fort et chaud sentiment d’appartenance.
Amandine Perret, Vevey, le 10 avril 2012