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Spéléo Club de la Vallée de Joux
Descente à Longirod

“- Ce sera un mois d’octobre bien chargé avec cette expé’ et la rencontre d’automne!
– Je vous averti quand même, je vais toucher le fond, je me suis arrêté trop de fois juste avant le Superfloc”
Le principe de base pour aller visiter le fond de Longirod semblait assez simple: bien manger le matin, bien dormir et surtout arriver tôt afin d’éviter un certain relâchement une fois au local (petit café, épistémologie du matériel sale et des affaires qui traînent, etc..). On est donc parti bien tôt dans l’aube matinal de ce dimanche après avoir mangé en vitesse nos pâtes grillées. Le passage par le local était à peine perceptible, et le départ pour le gouffre était quant à lui ensoleillé dans une neige fraîche et légère qui couvrait à peine les arbres encore verts.

Au départ dans le soleil matinal

Retrouver l’entrée du gouffre reste toujours une partie de plaisir, bien camouflée entre deux collines, un creux de quelques mètres qui pourrait tout autant bien débouché sur un cul-de-sac. Mais on n’imaginerait pas que cette embouchure donne sur un tel monstre. Avec un peu d’admiration, on se coulisse en lâchant quelques injures relativement pures dans le passage donnant sur la galerie des Arches. Et on commence réellement la descente avec un bon automatisme, on enchaîne les puits en se demandant si on est pas en train de s’enterrer au sens littéral du terme, si on va pouvoir remonter et surtout à quoi ressemble cette fameuse rivière des Mille et une Nuits. Les étroitures passent et se ressemblent, les puits sont bien variés, on avance à un bon rythme. Soudain, je sens celui devant moi s’entortille sur sa tête de puit et murmure un truc à peine audible en mâchonnant sa longe-pédale avant de continuer à descendre à toute vitesse. Je ricane malicieusement durant mon passage aisé dans le méandre du Broyage alors que tous les autres ont péniblement passé. Après les passages deviennent nettement plus aériens avant de rejoindre la bifurcation avec le réseau des Vieux Fossiles, des salles immenses avec des formes d’anciens méandres qui suturent le plafond. À ce moment-là, l’un de nous commence vraiment à déprimer, il préfèrerait rester à nous attendre à l’intersection, il s’est fait décidément trop peur lors de la manoeuvre en tête de puit. Après une discussion assez molle, il continue néanmois à nous suivre au-delà de la vertèbre de crocodile figée dans son écrin de calcaire afin de venir voir le fond. Le début du Superfloc commence par un magnifique miroir de faille et une corde quasiment tendue en direction de l’amarrage du bas. Après quelques instants un peu tendus eux-aussi, la descente continue à s’opérer lentement avec depuis le début du puit un ruissellement continu. Seul les cris venant du contrebas me sortent un peu du flottement durant ma descente. On me hurle d’éclairer le bas qui ne se voit pas à cause d’une vapeur d’eau bien dense. Rien à faire. Les derniers puits se font quasiment en volant tellement on a l’impression d’entendre déjà la rivière, on en oublierait les coulées de calcite. Après avoir foulé le fond, on se rue tous les trois pour voir la rivière. Une belle eau verte coule tranquillement entre de gros bloques. On se dirait en extérieur. On poursuit un bout pour atteindre la tyrolienne et pour trouver un endroit tranquille pour manger quelque chose. La corde la tyrolienne est complètement détendu ce qui rend son passage tout autant amusant. Des moments “supendus” où l’on reste pendu sur sa poignée avec un léger chagrin en ayant vu comment elle peut être passée avec classe et style.

Tyrolienne

Arrivés au rocher où il reste un peu de matériel des plongeurs, on prend un peu de courage avant de remplir son propre kit avec du plomb (sens propre et figuré) et un peu de ficelle toujours l’air chagrin. On lance un dernier regard vers cette rivière qui se transforme en monstre lors de crues qui doivent être spectaculaires, on a une dernière pensée pour ces gars incroyables qui sont descendus jusqu’ici avec leurs stabs et leurs plombs pour aller explorer des siphons et des salles inimaginables, et au final on lance un regard vers le haut du puit en espérant voir la surface.
La remontée commence, le kit n’a même plus besoin se trouver des raisons pour être ennuyant, il passe au stade d’objet dangereux. Il fait vaciller le spéléo, stérilise le futur père de famille, tue la volonté de vivre du rampant qui remonte sur sa corde. Vers -350, une chauve-souris virevolte à ces profondeurs incroyables, on se reprend un peu, on regarde celui qui en avait marre et on hésite à lui demander s’il n’a pas un peu d’énergie pour un kit supplémentaire. Sachant que la réponse sera forcément un grognement, je vide allègrement quelques affaires à la hauteur à nouveau de la bifurcation et je m’en remets en route léger et plein d’enthousiasme pour aller affronter les méandres avec un kit léger. Après de bonne tirées dans les puits, j’avance vite. Et puis j’attends les autres, pendant un bon moment, un long moment. Je m’inquiète et je les laisse arriver. Ils arrivent très lentement, mon enthousiasme m’a vraiment transporté, y en a qui souffre réellement pour remonter certains passages. Après m’être assurer que tous va bien, je continue à nouveau en premier en prenant un autre kit, passant les méandres, me coulissant le longs des cordes pas faciles à prendre à la descente, très faciles à la remontée. Et arrivé aux Arches, je me stoppe, je me roule en boule et j’attends qu’un bruissement léger vienne me réveiller. Le bruissement se fait attendre longtemps, mais je me fais quand même sortir de la torpeur. Après le passage acrobatique de l’entrée, on tombe dans une nuit froide et bien sombre, le reste se fait dans un silence quasi complet, on se félicite parmi et on rentre tous fatigué pour affronter le lundi qui a déjà commencé, sans se rendre compte qu’on vient de faire Longirod.

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