Le rendez-vous est donné à 9h à la télécabine de Gsteig-Sanetsch. Miguel, Paul, Manu, Dani et moi embarquons, l’excitation grandissant à l’idée de l’expédition qui nous attend. Nous commençons par déposer nos affaires personnelles à la cabane des BKW, avant de mettre les peaux et d’entamer la montée en traversant le lac gelé de Sénin.
La marche d’approche, en peau de phoque pour nous et en raquettes pour Dani, se fait dans un paysage sublime et sous les rayons de soleil. Peu à peu, nous nous approchons de l’entrée de la grotte où nous nous changeons, prêts à plonger dans les profondeurs.
Dès les premiers mètres, la magie de la glace souterraine opère : les premières stalactites apparaissent, suspendues comme des lances cristallines. Dans la salle d’entrée, la rivière glacée et des cascades de glace ornent les parois, offrant un spectacle féérique.
Nous faisons un petit détour jusqu’au “Frigo”, un passage connu pour son froid glacial et son plafond cristallin.
Nous y constatons que, grâce à un méandre ouvert dans la glace, une nouvelle jonction est faite : le Frigo communique désormais avec la galerie menant à la Sortie du Balcon.
Nous poursuivons notre exploration par la Salle de l’Aiguille et la Galerie des Sisyphes, où Paul entreprend d’élargir le passage à la perceuse. Miguel, optimiste, espère qu’en élargissant le passage entre le plafond et les dalles tombées de celui-ci, nous découvrions la suite de cette grande galerie, au-delà de cet effondrement, à travers lequel filtre le courant d’air. L’idée de cette expédition hivernale était justement de profiter du courant d’air aspirant pour évacuer les poussières de perçage. En attendant, le froid nous engourdit et nous tentons de nous réchauffer comme nous le pouvons. Manu place le réservoir de sa lampe à acétylène dans sa combinaison, tandis que nous buvons du thé chaud en partageant des anecdotes. Dani, Miguel et moi faisons circuler les accus encore chauds après leur utilisation, un rituel désormais bien rodé.
Paul dégage les blocs, mais la suite s’annonce très étroite sur plusieurs mètres, douchant nos espoirs de passer par là. Déçus, mais satisfaits d’avoir tenté notre chance, nous décidons de rebrousser chemin.
La descente à ski commence à 21h. Dani, équipée de raquettes, avance prudemment. Il neige légèrement et un petit vent se lève. Le poids du sac me déséquilibre, je n’ai jamais skié avec une telle charge sur le dos. Malgré quelques maladresses, nous atteignons enfin le chalet. La fatigue se fait sentir, mais nous sommes accueillis par un risotto à la tomate préparé avec soin par Miguel. Autour d’une bière et d’un thé chaud, nous refaisons le récit de cette journée intense et merveilleuse. Le confort de cette cabane, mise exceptionnellement à notre disposition en hiver par les BKW, est vivement apprécié.
Il est 1h du matin lorsque nous nous glissons enfin dans nos duvets. Le réveil sonne à 9h, et après un bon petit-déjeuner, nous préparons nos sacs pour la descente en télécabine. Un dernier chocolat viennois et un café à Gsteig nous permettent de savourer encore un peu cette journée ensemble avant de nous dire au revoir. Une aventure inoubliable, une visite mémorable gravée dans nos esprits. A refaire absolument.