Ce dimanche 19 mai nous a enfin vus dans de bonnes conditions pour nous relancer à la découverte de la suite de la grotte des Rutelins!
Nous avions exploré un belle galerie remontant derrière le siphon de la cathédrale au début de l’hiver. Entre temps Nicola Boisard a mené une incursion en solo et a pu franchir le lac siphonnant “Azimut” et reconnaître une belle galerie et découvrir un nouveau siphon. Il s’est arrêté au pied d’une large pente très argileuse remontant vers un grand volume!
Nous sommes donc retournés voir tout ça, Diego Sanz, Nicolas et moi, le week-end dernier. Les kits en sont encore sales et attendent leur heure au garage… le courbatures commencent à s’estomper, la dessin de la topo est en cours!
C’est à nouveau un formidable équipe de 14 spéléos qui est à poste ce samedi matin, à l’entrée du tunnel! Rien de tel pour motiver les plongeurs que nous sommes! Décidément ces Rutelins agissent comme un aimant… c’est qu’elle est bien placée cette grotte, juste derrière la source de l’Areuse!
Nous sommes équipés, par plongeur:
Diego – Combi neoprène 5mm, combi speleo cordura, harnais de stabilisation sidemount, harnais speleo, 2 bouteilles d’air acier 6L 230 bars
Arnaud – Long john néoprène 5mm, shorti néoprène 5mm, combi speleo cordura, harnais spéléo adapté plongée à l’anglaise, 2 bouteilles d’air acier 5L 230 bars, 1 petit kit bag avec 3kg de lestage, deux petites cordes pour équiper le siphon Azimut, 2 pitons, une petite boîte à outils étanche contenant du matériel de backup pour la topo, une chevillère 30m.
Nico -Combi néoprène 5mm, combi speleo, harnais speleo, 2 bouteilles acier 4L 230 bars dans un kit-bag sur le dos, un kit-bag de taille moyenne contenant un sac étanche pour le transport de la nourriture, du distoX pour la topo, 10 amarrages avec plaquettes inox, 1 trousse à spiter, un peu de corde…
Et c’est parti pour une belle exploration!
Je me mets à l’eau en premier et attends les copains de l’autre côté du siphon de la Cathédrale pendant une vingtaine de minutes. Cela paraît assez longuet. Diego a eu un débit continu en se mettant à l’eau et a perdu pas mal d’air. Mais cela s’est réglé et il a pu me rejoindre sans risques. Nico le suivait de près!
Rapidement nous nous délestons d’une partie du matériel. Pour le lac Azimut nous ne gardons qu’une bouteille chacun car nous le savons très court!
Azimut est superbe, clair comme de l’eau de roche, c’est le cas de le dire! Mais il est, comme tout plan d’eau dans cette cavité, très touilleux! Très vite on ne voit plus rien! Il faut donc être précautionneux pour garder de la visibilité pour l’équiper sans risques.
Je me lance avec un bout de corde et refait surface après 3m dans une cloche borgne.. je replonge et 1m50 sur la droite je fais à nouveau surface dans un volume plus intime mais qui donne une vision, au-travers d’une lucarne triangle posée sur une coulée stalagmitique, sur la galerie… Je doute quand même d’être au bon endroit. Heureusement Nico ne tarde pas à me rejoindre, nous raboutons la corde trop courte et il me montre le chemin: il faut encore mettre la tête sous l’eau sur 1m pour découvrir une galeriette en pente douce qui forme une plage où il est facile de se glisser hors de l’eau!
Cette petite galerie est fort bienvenue! Elle contourne une sublime coulée stalagmitique de 4m de haut par 6m de large, un peu trop haute pour être escaladée librement, au pied de laquelle se dessinent de sublimes bassins cristallins!
C’est un mini-shunt! On l’emprunte pour déboucher au sommet de la coulée et au départ de la nouvelle galerie!
Nous décidons de démarer la topo plus tard, et de reconnaître d’abord un peu les lieux.
La galerie est de belle section, environ 5-6m sur 4m de hauteur. Le sol est très argileux, on s’enfonce un peu, ça glisse…
Après une trentaine de mètre l’eau remonte le long des cuisses, toujours sur un fonds d’argile molle et la fait un décrochement sur la gauche. Le plafond s’abaisse. On se penche pour passer, ce qui nous permet d’observer un beau Diplour se déplacant à la surface du plan d’eau.
Tout de suite la plafond remonte et la galerie se poursuit dans une section oblique. Le plafond est une strate inclinée de 40 degrés et, au sol, nous suivons le surcreusement du cours d’eau dans des banquettes d’argile.
Dans cette section, au retour, nous ferons une visée de 28m au distoX!
Ce couloir bute sur un éboulis argileux. Les dimensions sont plus petites mais cela passe très bien. On remonte 2-3m dans les blocs pour découvrir un gros volume remontant sur une pente d’argile sèche à droite.
On s’étire dans ce grand espace inespéré, pleins d’excitation à l’idée de se lancer en première dans ces grands espaces! C’est en effet ici que Nicolas s’est arrêté lors de son incursion en solitaire…
Une partie du matériel est laissée là et Nicolas nous emmène d’abord voir son siphon, dans une galerie qui s’engage en face de nous, au pied de la salle.
Nous glissons sur quelques mètres pour découvrir dans une galerie qui devient vite très aquatique! Nous nageons en surface sur une vingtaine de mètres, passons une voûte mouillante et débouchons au terminus aérien de cette section.
Vite, Nico et moi mettons nos masques de plongée pour jeter un oeil vers la suite… C’est clair, la galerie continue, comme un large laminoir de 3m de large sur 1,5m de haut qui s’enfonce vers les profondeurs sous-marines!
Nico plante un spit. Il s’en servira lors d’une prochaine sortie pour y attacher sa ligne de vie.
De retour dans la salle, nous débutons la topo un direction de la suite, dans les hauteurs de ce grand volume.
La première pente argileuse est relativement facile à franchir, en contournant un gros bloc de 5 à 6m de long. Derrière lui un replat jonché de bloc m’appelle. Au centre ils sont nettoyés par une douche continue de gouttelettes qui tombent du plafond sur une hauteur de certainement plus de 20m. Au sommet d’un des blocs s’est formé une grosse cupule d’érosion bien ronde et très propre, le bénitier!
Diego fait une visée de 16m du milieu de la salle jusqu’au gros bloc. Ensuite 20m, puis 15m, nous remontons sur un cahos de blocs et nos regards se portent vers le haut du volume, où la suite semble évidente!
Toutefois nous butons vite, sur des parois plus propres, mais trop raides pour être franchies. Il faudrait une perfo pour pouvoir planter les quelques ancrages nécessaires. Nico met déjà un spit à cet endroit mais Diego et moi décidons de retourner en arrière afin de boucler la topo au retour, du bas de la salle, par la galerie, jusqu’au siphon Azimut.
Le retour se fait sans encombres, Nico corrige l’équipement d’Azimut et vers 16h nous sommes de retour de l’autre côté du siphon Azimut.
Là, on appelle… personne! L’équipe de portage doit encore être en train de travailler dans l’amont de la grotte? Mais non, une minute passe et les voilà qui appellent d’en haut de la faille de la Cathédrale! Il veulent nos kits pour pouvoir ressortir. Nous paquetons toutes nos petites affaires et en moins de 30 minutes ce sont huit ou neuf sacs qui prennent leur envol vers la surface!
Comme à notre habitude nous ponctuons l’expédition par un débriefing des explorations du jour à la Pizzeria de Fleurier qui nous réserve toujours un accueil chaleureux malgré nos apparences “underground”.
Visiblement dans ce coin de pays on sait vivre avec les spéléos!
Merci à tous pour cette fabuleuse aventure!